Le témoignage de l’un des derniers baptisés de notre Eglise

Témoignage de Hervé  (les prénoms et lieux ont été changés)
 
J’ai traversé la vie sans savoir si Dieu existait. Je considérais, en tant que scientifique, que pour moi ce n’était pas une question. Il est impossible à l’homme de prouver l’existence de Dieu de son vivant, donc ce n’était pas une question à se poser. En cela, j’étais agnostique. Et comme, j’estimais qu’en discuter ou y réfléchir était une perte totale de temps, je me définissais plus précisément comme apathéiste : j’étais totalement indifférent à cette question. 
 
Quand j’étais instituteur, j’enseignais à mes élèves le fait religieux et l’existence prouvée d’un personnage historique appelé Jésus dans lequel les chrétiens voient l’incarnation de Dieu.
Elevé dans une famille d’enseignants laïques, la règle était claire : les opinions religieuses ou politiques sont une chose intime, on est libre de croire et de penser mais on le garde pour soi et on n’en parle pas aux autres, c’est personnel. On m’avait baptisé catholique à la naissance pour contenter mes grands-parents, ce qui m’agaçait profondément.
Les seuls indices d’une éventuelle croyance à la maison étaient la Bible de mon père, immobile dans la bibliothèque, et ses longues discussions avec les témoins de Jéhovah à travers notre portail, chaque fois qu’ils venaient et dont je n’entendais que des murmures.
 
A partir de 2015, je suis en couple avec Clara une évangélique, fille de pasteur. Je la vois lire la bible. Nous avons des rencontres avec sa famille. La religion n’est jamais dans nos conversations. Le sujet m’indiffère, il n’est jamais abordé ni par les uns, ni par les autres. Seules les prières au début des repas familiaux, que j’écoute respectueusement, trahissent une certaine religiosité.
 
Fin 2016, début 2017, ma compagne est en souffrance personnelle. Trop de choses négatives au cours de sa vie, plus un divorce difficile ; elle n’a pas obtenu la garde de ses enfants. Je suis incapable de l’aider ou de comprendre la profondeur de sa détresse et de son mal-être, je suis complètement à côté de la plaque.
 
Fin janvier, elle n’est pas bien. Elle a besoin de repartir à Paris. Cette semaine-là, j’ai la garde alternée de mes filles. On est en fin d’après-midi, je suis en voiture et je pars chercher une de mes filles au lycée. Je me gare au bord du trottoir, je suis en avance et j’écoute la radio. Et ça s’est produit. En une fraction de seconde, mon monde, mes certitudes, tout s’est effondré. J’ai ressenti dans mon corps une sensation indescriptible. J’ai été physiquement touché, envahi, submergé par quelque chose d’inconnu qui n’était pas un malaise physique ordinaire. Si je n’avais pas été assis, mes jambes n’auraient pas pu me soutenir. Cette sensation d’une puissance inouïe était peut-être de la chaleur, peut-être du froid, peut-être les deux en même temps. Mais ce qui est sûr c’est que c’était une vague puissante. Je voyais la rue, je n’entendais plus la radio. Ça a été immédiatement suivi d’une sorte de flash. J’ai vu Clara chez moi, le dos vouté dans le jardin quelques jours auparavant. C’était accompagné d’un immense sentiment de tristesse et de peine. J’ai compris que quelque chose ou quelqu’un était en train de me faire ressentir dans toute sa puissance ce que Clara ressentait avec une violence sidérante. Puis c’est parti. J’étais soufflé par ce que je venais de vivre. Je pense que j’ai alors ré-entendu la radio et je l’ai éteinte. Mon coeur devait battre très vite. Mon monde venait de changer, ce qui était absolument impossible 5 minutes plus tôt était devenu la plus viscérale des certitudes. Dieu existe, il vient de se révéler à toi, il vient de te donner une gifle magistrale. Tu voulais une preuve, la voilà et maintenant débrouille-toi avec ça.
 
Je garde peu de souvenir de cette fin d’après-midi. J’ai récupéré mes filles, j’ai géré le quotidien comme un zombie puis le soir, tremblant, je me suis retrouvé dans ma chambre. Je suis tombé à genou. J’avais besoin de prier avec une puissance inimaginable, besoin de demander pardon au Seigneur de ne pas avoir su le voir et croire en lui durant toutes ces années. J’avais un immense sentiment de culpabilité de n’avoir pas cru plus tôt. Je voulais prier mais je ne savais pas comment faire. J’ai pris mon smartphone, je suis allé sur Internet et j’ai tapé « comment prier ? ». Je suis tombé sur un site qui proposait la lecture de versets bibliques selon le thème de la prière. Je cliquais sur « demander pardon ». Il proposait une liste de versets : psaume 6, psaume 25, etc…
 
Je n’avais pas de Bible. J’ai donc pris mon application kindle, un livre électronique sur mon téléphone et j’ai cherché une bible dans son catalogue. Il me propose en premier une bible protestante. Pourquoi pas ? Je télécharge. Je cherche le psaume 6. Je n’ai aucune idée d’où peut bien se trouver le psaume 6, alors je fais défiler les pages à toute vitesse. Je vois le mot « psaume », je tape l’écran pour arrêter le défilement. Trop loin. Mais ça s’est précisément arrêté sur le psaume 25, le deuxième de la liste de recommandations. Soit ! Ma première lecture de la Bible sera donc le psaume 25. Je me prends alors la deuxième gifle magistrale de la journée. Quel psaume ! Quelle puissance ! Jamais je n’aurais imaginé trouver un texte dans la Bible qui pouvait me toucher au plus profond de l’âme avec une telle justesse. Dans l’immensité de la Bible, j’ai été guidé vers l’exacte parole dont j’avais besoin à ce moment-là.
 
Psaume 25 : Recherche du pardon de Dieu
1 De David. Éternel ! J’élève à toi mon âme.
2 Mon Dieu ! En toi je me confie : que je ne sois pas couvert de honte ! Que mes ennemis ne se réjouissent pas à mon sujet !
3 Tous ceux qui espèrent en toi ne seront point confondus ; Ceux-là seront confondus qui sont infidèles sans cause.
4 Éternel ! Fais-moi connaître tes voies, Enseigne-moi tes sentiers.
5 Conduis-moi dans ta vérité, et instruis-moi ; Car tu es le Dieu de mon salut, Tu es toujours mon espérance.
6 Éternel ! Souviens-toi de ta miséricorde et de ta bonté ; Car elles sont éternelles.
7 Ne te souviens pas des fautes de ma jeunesse ni de mes transgressions ; Souviens-toi de moi selon ta miséricorde, À cause de ta bonté, ô Éternel !
8 L’Éternel est bon et droit : C’est pourquoi il montre aux pécheurs la voie.
9 Il conduit les humbles dans la justice, Il enseigne aux humbles sa voie.
10 Tous les sentiers de l’Éternel sont miséricorde et fidélité, Pour ceux qui gardent son alliance et ses commandements.
11 C’est à cause de ton nom, ô Éternel ! Que tu pardonneras mon iniquité, car elle est grande.
12 Quel est l’homme qui craint l’Éternel ? L’Éternel lui montre la voie qu’il doit choisir.
13 Son âme reposera dans le bonheur, Et sa postérité possédera le pays.
14 L’amitié de l’Éternel est pour ceux qui le craignent, Et son alliance leur donne instruction.
15 Je tourne constamment les yeux vers l’Éternel, Car il fera sortir mes pieds du filet.
16 Regarde-moi et aie pitié de moi, Car je suis abandonné et malheureux.
17 Les angoisses de mon cœur augmentent ; Tire-moi de ma détresse.
18 Vois ma misère et ma peine, Et pardonne tous mes péchés.
19 Vois combien mes ennemis sont nombreux, Et de quelle haine violente ils me poursuivent.
20 Garde mon âme et sauve-moi ! Que je ne sois pas confus, Quand je cherche auprès de toi mon refuge !
21 Que l’innocence et la droiture me protègent, Quand je mets en toi mon espérance !
22 Ô Dieu ! Délivre Israël De toutes ses détresses !
 
Je ne pense pas que c’était un hasard de tomber sur ce psaume. Je pense avoir été guidé. J’ai prié une bonne partie de la nuit. J’étais sidéré parce que je ressentais et ce qu’il s’était passé.
Le lendemain, j’ai appelé mon beau-père pasteur pour lui raconter ce qui m’était arrivé. Il m’a expliqué que le mathématicien-philosophe Blaise Pascal avait décrit une expérience similaire dans laquelle il était capable de donner l’heure précise de sa révélation. Et quelle révélation !
 
J’avais toujours considéré que les gens choisissent de croire par éducation, par confort ou par conviction. En ce qui me concerne, je n’ai absolument pas choisi de croire. L’existence de Dieu, la foi est devenue pour moi une évidence absolue et irréversible, d’une minute à l’autre et je remercie chaque jour le Seigneur pour cette révélation et lui demande pardon pour toutes ces années d’aveuglement.
 
J’ai ensuite commencé à lire la Bible guidé par mon beau-père avec qui j’avais des conversations téléphoniques régulières et qui m’initiait à la théologie. Jusqu’au jour où il m’a proposé de venir assister à la conférence qu’il donnait pour Formapré dans une petite église évangélique de Gironde. Il avait été passionnant comme toujours. Quelques semaines plus tard, je poussais cette porte avec Clara pour assister à un culte pour la première fois. Et je vous ai déjà raconté la suite, une brune souriante est venue vers nous pour nous souhaiter la bienvenue, elle s’appelait Alexandra. Elle restera ma première soeur de cette église. Première de beaucoup d’autres dont l’amour me touche chaque fois que je viens à l’Eglise.
 
Mais de cette conversion est née une grande frustration, celle d’habiter à une heure de route et de ne pas pouvoir participer facilement et régulièrement aux activités de l’église, comme nous le commande la Parole. Je ressentais le besoin de servir la communauté et de servir Dieu. Après ma conversion, j’avais commencé à parrainer avec le SEL Anita, une petite fille dominicaine pour qui je prie chaque jour. C’est dans une information du SEL que j’ai trouvé la manière de servir la communauté du Seigneur : Le SEL recherchait des traducteurs. Je me suis alors souvenu des versets de la Bible, dans 1Corinthiens 12 : versets 7 à 10 la Parole dit : « 
 
7 Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune.
8 En effet, à l’un est donnée par l’Esprit une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ;
9 à un autre, la foi, par le même Esprit ; à un autre, le don des guérisons, par le même Esprit ;
10 à un autre, le don d’opérer des miracles ; à un autre, la prophétie ; à un autre, le discernement des esprits ; à un autre, la diversité des langues ; à un autre, l’interprétation des langues. »
 
Je suis toujours émerveillé de pouvoir parler aujourd’hui l’espagnol, comme si c’était ma langue maternelle, et dont je ne connaissais rien avant l’âge de 13 ans. C’est un véritable don et ce don j’allais pouvoir le rendre au Seigneur en le servant. Je me suis porté candidat, j’ai passé les sélections de traducteurs, et on m’a attribué le niveau expert en traduction du français vers l’espagnol. Les traducteurs de niveaux débutant et intermédiaire traduisent de l’espagnol vers le français et leurs traductions sont validés par les traducteurs experts. Depuis deux ans, je traduis des lettres de parrains pour les pays hispanophones d’Amérique Latine et je valide celles des enfants traduites par d’autres traducteurs. C’est un travail, bien qu’anonyme et discret, qui est très gratifiant. Je ressens un vrai bonheur à mettre en mot dans la langue des enfants les mots de foi, d’amour et d’encouragement des parrains. J’apprends beaucoup à travers les traductions de ces paroles. Il faut trouver les mots justes, les bonnes traductions, avec une dimension culturelle importante, pour toucher le coeur des enfants selon la volonté des parrains et marraines, et c’est tout l’art de l’interprétation dont parle Paul dans Corinthiens. 
 
Je remercie grandement le Seigneur de m’avoir offert tout cela, la Foi, une place précieuse dans son Eglise et un don pour le servir.
 
Amen.